15 novembre 2012

La trilogie des bidochons à la montagne Episode 2: Ascension du Mont Blanc du Tacul 4248 m

Après notre entraînement du lundi (voir article précedent) nous étions censés continuer l'entraînement jusqu'au mercredi avant de tenter l'ascension du Mont Blanc le jeudi.
La météo étant défavorable à partir du mercredi, (ce qui veut dire tentative d'ascension impossible sauf pour les suicidaires) pour ne pas rentrer bredouilles et d'un commun accord avec Yves, notre guide, nous avons décidé de tenter dès le mardi le Mont Blanc du Tacul (itinéraire n°1 sur la carte).
 

Rendez-vous fut donc pris à 6h (heure de sadique) devant le téléphérique pour monter à l'aiguille du midi. (J'ai piqué la photo sur google image pour donner une idée des lieux à ceux qui ne connaîtraient pas).

 
On termine l'arnachement des casques, crampons, piolets, cordes et baudrillets sous une espèce d'arche glacée, dernier abri avant le vide. En casque orange, gros cul et blouson vert sur la photo c'est moi.
 
 
Point de départ: à droite, des crevasses, à gauche (la photo) en cas de chute si le guide ne vous retient pas c'est arrivée directe à Chamonix 2000 m plus bas.
 
 
On entame à petits pas, encordés et à la queue leu leu la descente de l'arête des Cosmiques. Selon Mandarine la vue est grandiose, moi sujette au vide, je me concentre plutôt sur le design de mes chaussures.
 
 
Voici la Mandarine en pleine action sur l'arête, écharpe dans le vent et tuyau de camel bag qui traîne par terre.
 
 
Après une demi heure de descente, nous avançons sur du plat pour rejoindre le pied de la montagne et tester le sentiment d'infiniment petit.
 
 
Le décor me fait un peu oublier que ce qui n'est qu'une mise en jambe pour les gens normaux est déjà devenu un calvaire pour moi...
 
 
...et ma débilité profonde me donne à penser que le sommet est le gros rocher que l'on voit sur la photo et que finalement une fois  les gros blocs de glace contournés, ce n'est pas si loin.
 
 
Ah qu'il fait bon vivre au pays de Oui Oui à la montagne, car bien sûr le sommet est bien plus haut et caché par les nuages...
 
La montée va vite se transformer en cauchemar pour moi, tellement lente, qu'outre les autres grimpeurs j'aurais pu me faire doubler par une limace arctique, pour Mandarine qui encordé devant moi doit redoubler d'efforts pour ralentir son rythme tout en tirant un boulet en surpoids, et pour le guide qui ouvre notre cordée à qui je demande de ralentir et qui me répond, non sans humour: "Béné si on ralentit on s'arrête".
 
 
La montée abrupte se poursuit avec au-dessus de nous des séracs (énormes blocs de glace qui peuvent se décrocher à tout moment)...
 
 
...et au dessous des crevasses...
 
 
 
...dont une particuièrement effrayante car trop large pour être traversée en une simple enjambée et qui nécessite l'emprunt de cette horrible planchette posée à même la glace sans aucune autre forme de fixation.
 
 
Vous me pardonnerez de ne pas avoir pris de photo avec mon pied dessus où encore une vue plongeante de cette crevasse profonde d'une dizaine de mètres, mais le funambulisme c'est pas trop mon truc, j'ai déjà été suffisamment gourde pour mettre un pied devant l'autre sur cette planche branlante en regardant en-dessous, ce qui m'a valu de me figer sur place quelques instants comme hypnotisée par le vide, avant de pouvoir redémarrer cette traversée, pourtant courte.
 
Au bout de quelques heures de marche, et de nausées me concernant, cette fois-ci le vrai sommet est en vue et à sa gauche un sérac monstrueux.
 
 
Au moment où je commence à me sentir envahie par une félicité sentant mon supplice peu à peu s'estomper, je comprends soudain que, ce con de sommet, il va falloir l'escalader !
 

Les crampons glissent sur la glace et la roche, il faut monter tout en laissant redescendre les autres, ce qui occasionne un embouteillage certain.
 
Alléluia ! Nous sommes au sommet du Mont Blanc du Tacul, à 4248 m,avec en arrière plan le Mont Maudit et le Mont Blanc.
Je retiens la gerbe qui m'envahit de plus en plus pour ne pas gâcher la photo.
La Mandarine, lui est en forme, bien qu'en mode hamster, beaucoup plus bouffi qu'au naturel, sans doute n'a-t-il pas une tête à chapeau...
 

L'heure de la descente a sonné, je suis beaucoup plus détendue qu'à la montée et surtout beaucoup plus rapide, ce qui n'est pas pour déplaire au guide qui se demande d'où me vient ce sursaut d'énergie, et bien de l'envie irrépressible de me casser de cette montagne pardi !
 
 
Nous sommes le 28 août et il se met à neiger.
Il nous faudra encore traverser l'horrible petite planche de bois pour franchir la crevasse au retour et surtout remonter l'abrupte arête des Cosmiques pour rejoindre l'Aiguille du Midi.
 
 
Voilà la photo de nous deux à la fin de ces 7 heures de marche juste avant de reprendre la benne qui nous ramènera vers la civilisation.
 
 
La Mandarine arbore un sourire serein empli de satisfaction d'avoir atteint le sommet et découvert les joies de la montagne, moi, n'ayons pas peur des mots, j'éructe de joie, d'une parce que j'ai atteint le sommet, mais surtout parce que pendant toute cette journée ce qui m'a permis de tenir c'est de me dire que c'était la dernière fois de ma vie que je chaussais des crampons.
 
Mais ça c'était bien mal connaître notre guide...
 
Suite dans le prochain et dernier épisode.

2 commentaires:

  1. C'est beau la Suisse!
    What a nice trip in the mountain. When I visited Suisse years ago I felt like beeing in a painting when walking in the mountain!
    Bisous Nikita

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  2. Béné j'ai eu l'impression de vivre cette ascension avec vous, voir à ta place ! Quelle horreur ce vide et ces crevasses... Je te suis quand tu veux pour photographier les bouquetins, en revanche l'age de glace c'est moins mon truc ! ;-)

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