22 novembre 2012

Fête des yodlers

 
Attention aujourd'hui ça envoie du pur suisse !
 
Au printemps nous sommes allés assister à la 27ème fête des yodlers de Suissse Romande qui se tenait à Plaffeien, à 20 minutes de Fribourg et 1h45 de Genève.
 
 
Le Yodel c'est l'équivalent des chants tyroliens en plus lent et plus chiant.
Le yodel était jadis utilisé comme moyen de communication dans les montagnes mais se pratique aujourd'hui uniquement pour le folkore.
 
Comme souvent en Suisse la route qui mène à Plaffeien s'ouvre au milieu des alpages.
 
 
En vue le village de Plaffeien, 2000 habitants.
 
 
Dès l'arrivée au parking le ton est donné et je sens qu'on va se marrer.
 
 
A peine entrés dans le village ça yodle en suisse allemand à tous les coins de rue en tenue traditionnelle.
 
 
 
Nous sommes visiblement arrivés à l'heure de l'apéro (11h) car les bars sont déjà remplis et ça entonne gaiement des chansons que j'imagine du style "que la montagne est belle" d'Heidi mais comme même la Mandarine qui parle allemand ne comprend rien au patois suisse allemand on ne saura jamais...
 

En parcourant les ruelles entre 2 odeurs de saucisses, nous assistons à un défilé de costumes plus traditionnels les uns que les autres...
 
 
De belles couleurs chatoyantes ...
 
 
 
Un pépé fan d'edelweiss
 

Des punks
 
 
Et les 3 mousquetaires qui sont maintenant 4
 
 
Mais attention on ne badine pas avec le Yodel en Suisse !
Ici c'est pris très au sérieux et toute la journée se sont tenus à divers endroits des concours de Yodel.
Vous ne verrez pas les photos du concours de yodel qui se tenait dans l'église parce qu'on en avait marre d'attendre que ça commence, alors on est allés tenter notre chance au gymnase, réquisitionné lui aussi.
 
A Plaffeien même le panier de basket est à la mode suisse
 
 
Le gymnase était bondé, le silence de rigueur et les juges qui notent le ton, la prononciation, le rythme et la pureté harmonique, déjà perchés sur leur mirador.
 
 
Les yodleurs ont commencé, j'ai pouffé, la photo ratée.
 
 
Bon je ne vais pas vous mentir, c'est une expérience intéressante...pendant 5 minutes.
Après nous être éclipsés avec autant de discrétion que possible du gymnase, comme un bonheur n'arrive jamais seul nous sommes tombés sur les joueurs de cor des alpes.
 
 
Le cor des alpes, instrument auquel on ne pense pas assez...est une espèce de trompe géante de 3,60m autrefois utilisé pour prévenir d'un danger ou appeler les villageois à l'église grâce à son son qui peut parcourir de longues distances et faire écho dans les vallées.
 
 
Démonstration
 
 
 
Ca c'est juste pour exprimer ma solidarité avec la femme suisse car si j'ai vu des femmes porter des cors, je n'en ai encore jamais vu en jouer (par contre je me désolidarise du look et de la coiffure).
 
 

21 novembre 2012

La trilogie des bidochons à la montagne épisode 3: Escalade

Si vous avez bien suivi l'épisode précédent, après avoir gravi le Mont Blanc du Tacul, j'éructais de joie à l'idée de ne plus jamais chausser de crampons.

Alors quand le guide nous a proposé de faire de l'escalade le lendemain matin avant que le temps ne se gâte, j'ai tout de suite été d'accord. Et si la Mandarine est plus fort que moi en montagne, sur des rochers en revanche je me sens plus à l'aise que lui alors je faisais la mariole.

Je savais que le lendemain matin nous devions reprendre le téléphérique pour rejoindre l'aiguille du midi mais l'altitude m'ayant certainement endommagé une partie du cerveau je n'avais pas compris qu'il faudrait descendre une 2ème fois l'arête de la mort et donc rechausser les crampons !


Mandarine et le guide se sont payé une bonne tranche de rire en voyant ma tête déconfite à l'arrivée du téléphérique.

Contrairement à ce que je redoutais je me suis sentie tout de suite beaucoup plus à l'aise sur l'arête que la veille, tant physiquement que psychiquement.

Nous avons rejoint la barre rocheuse qui arrive droit au refuge des cosmiques, grand moment de bonheur quand on a déchaussé les crampons pour pouvoir attaquer les rochers.


Au bout de quelques minutes les rochers se font de plus en plus imposants

 
Je rejoins la Mandarine, et son joli look façon mineur indien dont lui seul a le secret, qui fait une pause Ovomaltine...
 
 
... ça c'est son côté suisse, afin de prendre des forces pour les petits rappels.
 
 
 
La vue sur l'Aiguille du midi et le célère refuge des Cosmiques nous indique que nous sommes presque arrivés.
 
 
Au bout de 2h30 de grimpette on débarque au refuge par le balcon, refuge d'ailleurs désert ce jour là pour cause de mauvaise météo à venir.
 
 
On y a tout de même bu un thé et on s'est payé une bonne rigolade avec Yves.
 
En redescendant j'ai fait des photos de pouffe pour la postérité devant le Mont Blanc du Tacul, gravi la veille
 
 
On a ensuite remonté l'arête des Cosmiques ce que j'ai eu l'impression de faire avec beaucoup plus de brio que la veille et c'est là où notre guide est fort, il a réussi à me réconcilier avec la montagne.
 
L'ascension du Mont Blanc étant devenue impossible, nous avons tenté de trouver avec Yves un autre sommet à gravir, comme il nous restait 2 jours, mais ni le Mont Rose versant suisse, ni le Grand Paradis versant Italien n'étaient faisables le mauvais temps s'étant abattu partout.
J'étais éberluée de voir que j'étais au final d'accord pour repartir pour un tour, quant à Mandarine, lui, il était un peu déçu, il s'est donc consolé avec une blonde de la Brasserie du Mont Blanc.
 
 
Suite à des mails que j'ai reçu je sais que des personnes extérieures à mon cercle amical parcourent ce blog, alors au cas où quelqu'un serait à la recherche d'un super guide voici quelques mots sur lui parce que sans lui cette aventure n'aurait pas été la même.
 
Sachez qu'avec Yves vous êtes en sécurité:
 
- Il est guide de haute montagne à Chamonix depuis 1989 (donc je ne suis pas peu fière de détenir le record de sa cliente la plus lente, c'est pas une blague !)
- Moniteur de ski depuis 1991
- Il a été secouriste en montagne avec le GPHM (peloton de gendarmerie)
- Puis formateur de secouristes
- Il a mené des expéditions de secours en Himalaya
- Il a gravi l'Everest en 2007
 
Et si pendant ses loisirs il pratique également l'escalade, la chute libre, la plongée...et j'en passe Yves n'a rien d'une tête brulée. Il est compétent, pédagogue, sérieux, humble et réfléchit, il dit les choses avec tact sans pour autant passer par 4 chemins et avec lui on se marre vraiment bien.
 
La Mandarine et moi avons été littéralement conquis et pensons refaire appel à lui cet hiver pour descendre la vallée Blanche à ski.
 
Les personnes intéressées peuvent me contacter je me ferai un plaisir de transmettre ses coordonnées.

15 novembre 2012

La trilogie des bidochons à la montagne Episode 2: Ascension du Mont Blanc du Tacul 4248 m

Après notre entraînement du lundi (voir article précedent) nous étions censés continuer l'entraînement jusqu'au mercredi avant de tenter l'ascension du Mont Blanc le jeudi.
La météo étant défavorable à partir du mercredi, (ce qui veut dire tentative d'ascension impossible sauf pour les suicidaires) pour ne pas rentrer bredouilles et d'un commun accord avec Yves, notre guide, nous avons décidé de tenter dès le mardi le Mont Blanc du Tacul (itinéraire n°1 sur la carte).
 

Rendez-vous fut donc pris à 6h (heure de sadique) devant le téléphérique pour monter à l'aiguille du midi. (J'ai piqué la photo sur google image pour donner une idée des lieux à ceux qui ne connaîtraient pas).

 
On termine l'arnachement des casques, crampons, piolets, cordes et baudrillets sous une espèce d'arche glacée, dernier abri avant le vide. En casque orange, gros cul et blouson vert sur la photo c'est moi.
 
 
Point de départ: à droite, des crevasses, à gauche (la photo) en cas de chute si le guide ne vous retient pas c'est arrivée directe à Chamonix 2000 m plus bas.
 
 
On entame à petits pas, encordés et à la queue leu leu la descente de l'arête des Cosmiques. Selon Mandarine la vue est grandiose, moi sujette au vide, je me concentre plutôt sur le design de mes chaussures.
 
 
Voici la Mandarine en pleine action sur l'arête, écharpe dans le vent et tuyau de camel bag qui traîne par terre.
 
 
Après une demi heure de descente, nous avançons sur du plat pour rejoindre le pied de la montagne et tester le sentiment d'infiniment petit.
 
 
Le décor me fait un peu oublier que ce qui n'est qu'une mise en jambe pour les gens normaux est déjà devenu un calvaire pour moi...
 
 
...et ma débilité profonde me donne à penser que le sommet est le gros rocher que l'on voit sur la photo et que finalement une fois  les gros blocs de glace contournés, ce n'est pas si loin.
 
 
Ah qu'il fait bon vivre au pays de Oui Oui à la montagne, car bien sûr le sommet est bien plus haut et caché par les nuages...
 
La montée va vite se transformer en cauchemar pour moi, tellement lente, qu'outre les autres grimpeurs j'aurais pu me faire doubler par une limace arctique, pour Mandarine qui encordé devant moi doit redoubler d'efforts pour ralentir son rythme tout en tirant un boulet en surpoids, et pour le guide qui ouvre notre cordée à qui je demande de ralentir et qui me répond, non sans humour: "Béné si on ralentit on s'arrête".
 
 
La montée abrupte se poursuit avec au-dessus de nous des séracs (énormes blocs de glace qui peuvent se décrocher à tout moment)...
 
 
...et au dessous des crevasses...
 
 
 
...dont une particuièrement effrayante car trop large pour être traversée en une simple enjambée et qui nécessite l'emprunt de cette horrible planchette posée à même la glace sans aucune autre forme de fixation.
 
 
Vous me pardonnerez de ne pas avoir pris de photo avec mon pied dessus où encore une vue plongeante de cette crevasse profonde d'une dizaine de mètres, mais le funambulisme c'est pas trop mon truc, j'ai déjà été suffisamment gourde pour mettre un pied devant l'autre sur cette planche branlante en regardant en-dessous, ce qui m'a valu de me figer sur place quelques instants comme hypnotisée par le vide, avant de pouvoir redémarrer cette traversée, pourtant courte.
 
Au bout de quelques heures de marche, et de nausées me concernant, cette fois-ci le vrai sommet est en vue et à sa gauche un sérac monstrueux.
 
 
Au moment où je commence à me sentir envahie par une félicité sentant mon supplice peu à peu s'estomper, je comprends soudain que, ce con de sommet, il va falloir l'escalader !
 

Les crampons glissent sur la glace et la roche, il faut monter tout en laissant redescendre les autres, ce qui occasionne un embouteillage certain.
 
Alléluia ! Nous sommes au sommet du Mont Blanc du Tacul, à 4248 m,avec en arrière plan le Mont Maudit et le Mont Blanc.
Je retiens la gerbe qui m'envahit de plus en plus pour ne pas gâcher la photo.
La Mandarine, lui est en forme, bien qu'en mode hamster, beaucoup plus bouffi qu'au naturel, sans doute n'a-t-il pas une tête à chapeau...
 

L'heure de la descente a sonné, je suis beaucoup plus détendue qu'à la montée et surtout beaucoup plus rapide, ce qui n'est pas pour déplaire au guide qui se demande d'où me vient ce sursaut d'énergie, et bien de l'envie irrépressible de me casser de cette montagne pardi !
 
 
Nous sommes le 28 août et il se met à neiger.
Il nous faudra encore traverser l'horrible petite planche de bois pour franchir la crevasse au retour et surtout remonter l'abrupte arête des Cosmiques pour rejoindre l'Aiguille du Midi.
 
 
Voilà la photo de nous deux à la fin de ces 7 heures de marche juste avant de reprendre la benne qui nous ramènera vers la civilisation.
 
 
La Mandarine arbore un sourire serein empli de satisfaction d'avoir atteint le sommet et découvert les joies de la montagne, moi, n'ayons pas peur des mots, j'éructe de joie, d'une parce que j'ai atteint le sommet, mais surtout parce que pendant toute cette journée ce qui m'a permis de tenir c'est de me dire que c'était la dernière fois de ma vie que je chaussais des crampons.
 
Mais ça c'était bien mal connaître notre guide...
 
Suite dans le prochain et dernier épisode.